Enquête de terrain : Venez découvrir les différents acteurs que nous avons interviewés pour la réalisation de notre podcast.





Lancez-vous dans l'écoute de notre podcast !
Mary Savary, conseillère conjuguale
Marie Savary, conseillère conjugale et familiale au Planning Familial du Calvados, explique que son rôle est d'informer et d'accompagner les personnes dans leur choix contraceptif, sans prescription médicale. L’objectif étant de fournir des informations adaptées aux besoins, valeurs et modes de vie de chacun.
Elle mentionne que les jeunes expriment souvent des inquiétudes sur les effets secondaires et l’efficacité des contraceptifs hormonaux, tandis que les adultes s’interrogent plutôt sur la fertilité après l’arrêt de la contraception. Elle évoque aussi un manque d’éducation sexuelle à l’école et dans les familles, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années.
Concernant l’impact des contraceptifs sur la société, elle reconnaît un manque d’études approfondies mais estime nécessaire d’innover et de diversifier les options contraceptives, notamment pour les hommes (vasectomie, gel, injections hormonales). Cependant, un frein persiste du côté des femmes. Elle entend parfois dire que certaines préfèrent garder le contrôle de leur contraception.
Les méthodes naturelles (calcul du cycle, température...) sont évoquées comme une alternative, bien qu'elles nécessitent beaucoup de rigueur et une certaine connaissance de son corps. Enfin, elle mentionne les inégalités d’accès aux contraceptifs dû notamment à la précarité et du manque de professionnels dans certains territoires.
Élise Chambellan, sage-femme
Élise Chambellan est sage-femme libérale à Mondeville. Elle explique que les moyens de contraception les plus utilisés restent la pilule et le stérilet, bien que la demande pour des contraceptifs non hormonaux augmente. Concernant la pilule, elle revient sur les controverses liées à son usage passé sans prise en compte des contre-indications (tabac, obésité, antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires ou de cancer du sein), ce qui a pu causer des complications graves. Elle précise qu’aujourd’hui les prescriptions sont plus encadrées.
Elle évoque aussi les erreurs fréquentes dans l’utilisation des contraceptifs, comme les oublis de pilule ou une mauvaise utilisation du préservatif. Sur les générations de pilules, elle précise que les 3ᵉ et 4ᵉ générations ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale en raison d’un risque cardiovasculaire accru, mais elles peuvent présenter des avantages dans certains cas comme les effet anti-acné par exemple.
Parmi les idées reçues, elle cite :
- la contraception rend stérile.
- le stérilet ne convient qu’aux femmes ayant eu des enfants.
Sur l’évolution des contraceptifs, elle note un intérêt croissant pour les méthodes naturelles et les dispositifs intra-utérins en cuivre (DIU). Elle mentionne également un intérêt grandissant pour la contraception masculine, notamment pour la vasectomie.
Enfin, elle souligne qu’il est très important d’adapter la contraception au profil de chaque patiente, en tenant compte de ses antécédents médicaux, de son mode de vie et de ses préférences et en insistant sur la possibilité de changer de méthode si celle choisie ne convient pas, elle dit qu’il faut voir cela comme « des vêtements qu’on essaie ».
Une gynécologue préférant rester anonyme
L’interview a été mené en visioconférence avec une gynécologue qui a préféré rester anonyme. Tout d’abord, la spécialiste a évoqué la baisse de la fertilité, qu’elle attribue principalement à l’âge tardif du mariage et de la maternité du notamment à des études de plus en plus longues. De plus en plus de femmes privilégient leur carrière avant d’avoir des enfants, ce qui réduit leurs chances d’avoir un enfant, la fertilité étant étroitement liée à l’âge. Elle mentionne également l’impact de l’environnement et du stress qui influencent négativement la fertilité à l’échelle mondiale.
Concernant l’évolution des méthodes contraceptives, elle souligne que de nombreuses recherches portent actuellement sur la contraception masculine. L’objectif étant de proposer des solutions moins invasives pour les femmes et de mieux équilibrer le partage de la charge contraceptive au sein des couples.
Sur la question du partage des responsabilités en matière de contraception, la gynécologue insiste sur le fait qu’il ne devrait pas incomber uniquement aux femmes de gérer cette question. Étant donné que la fécondation repose sur la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovocyte, elle estime que la contraception devrait être un choix et une responsabilité partagée entre les deux partenaires.
Nous avons ensuite pu discuter avec elle de ce qu’elle pensait de la contraception masculine dont la principale méthode actuellement disponible est la vasectomie. Étant une méthode de contraception définitive, elle représente parfois un frein chez certains hommes. Elle précise aussi que la prise de la pilule chez un homme nécessiterait une régularité accrue, plus qu’une pilule pour femme puisque la production de spermatozoïdes se fait en continue.
Enfin, elle conclut en soulignant que les recherches actuelles visent à proposer des méthodes contraceptives plus évoluées, moins nocives et avec moins d’effets secondaires. Elle insiste sur la nécessité d’améliorer l’accès à des solutions adaptées à chacun.
Un micro-trottoir
Lors de ce micro-trottoir réalisé rue Saint-Pierre à Caen, plusieurs passants ont été interrogés sur leur utilisation des moyens de contraception et leur perception du contraceptif idéal.
Dans l’ensemble, le préservatif apparaît comme le moyen de contraception le plus couramment utilisé. Certains l’emploient systématiquement tandis que d’autres l’utilisent ponctuellement, cela dépend des relations de chacun. Quelques personnes mentionnent avoir envisagé la pilule, mais préfèrent l’éviter en raison des effets secondaires hormonaux qu’elle peut entraîner chez les femmes.
Lorsqu’on leur demande quel serait le moyen de contraception idéal, plusieurs interrogés citent le préservatif en raison de son accessibilité, de son efficacité et de l’absence d’effets secondaires. La pilule est parfois mentionnée comme une solution pratique, mais jugée contraignante en raison de ses effets hormonaux.
Enfin, la question de la contraception masculine suscite des réflexions. Certains regrettent l’absence d’une pilule pour les hommes et soulignent le manque d’alternatives en dehors du préservatif.
Ce micro-trottoir met ainsi en évidence une préférence marquée pour le préservatif, une prise de conscience des effets secondaires des contraceptifs hormonaux, et un intérêt croissant pour le développement des nouveaux moyens de contraception pour les hommes.
Un sondage sur les réseaux sociaux
L'enquête examine la connaissance, l'utilisation et l'accessibilité des méthodes de contraception auprès d'un public majoritairement composé de jeunes adultes de 18 à 25 ans, en grande partie étudiants. Le sondage a reçu en tout 273 réponses, de publics variés. Les personnes interrogées déclarent connaître plusieurs moyens contraceptifs, notamment la pilule, l'implant, le stérilet hormonal ou au cuivre, le préservatif, l'anneau vaginal, le patch et l'injection hormonale. Cependant, si certains estiment être bien informés, d'autres expriment des incertitudes quant à leur niveau de compréhension du sujet. La majorité considère encore la contraception comme une responsabilité essentiellement féminine, bien qu’un grand nombre pense qu’elle devrait être équitablement partagée entre les partenaires.
En ce qui concerne l'utilisation effective des contraceptifs, une large partie des sondés en utilise un, la pilule et le préservatif étant les options les plus courantes. Cependant, certains rencontrent des difficultés d'accès, notamment en raison de ruptures de stock en pharmacie ou d’un manque d’informations sur les différentes alternatives. Le risque d'IST influence peu le choix des méthodes contraceptives : les personnes en couple stable ne le prennent généralement pas en compte, tandis que celles qui y accordent de l’importance privilégient principalement le préservatif masculin comme moyen de protection.
Lorsqu'ils choisissent une méthode contraceptive, les participants accordent une attention particulière à l’efficacité, à l’absence d’effets secondaires, à la simplicité d’utilisation et au coût. Tandis que certains estiment que l’offre actuelle est suffisamment accessible, d’autres soulignent la nécessité d’améliorations, notamment en matière d’information et de disponibilité des produits. Enfin, bien que peu de répondants aient formulé des questions précises à l’attention des professionnels de santé, plusieurs suggèrent qu’un renforcement de l’information et des actions de sensibilisation serait bénéfique pour faciliter l’accès à la contraception et permettre un choix plus éclairé.